[RP Multi #1] À la découverte du nouveau continent

Je me sens comme aspirée dans un mince voile d'eau gelée, comprimée de toute part par la pression de cette force magique qui me fait traverser l'espace quasiment instantanément. Je retiens mon souffle puis, à peine une fraction de seconde plus tard, je peux enfin inspirer à fond l'air sec des plaines de Cania. Prendre le zaap, c'est vraiment une expérience hors du commun.

Il ne me reste plus qu'à marcher plein ouest pour rejoindre notre point de rendez-vous. Enfin marcher… Chevaucher devrais-je dire.
Le vent me fouette les oreilles tandis que les pieds de ma monture martèlent le sol, mais ça y est, alors que les embruns maritimes se dissipent, je peux enfin l'apercevoir.

Le bateau du capitaine Ardier, briseur de tempêtes et fendeur de glace. Je m'avance sur le quai. Il semble bien que je sois la première à être arrivée.

Je descends de ma monture et m'assois sur le sol de bois, échangeant quelques regards avec le capitaine qui se demande sans doute si j'ai l'intention de monter à bord de son navire.
Il ne me reste plus qu'à attendre les autres.

_ ça m'apprendra à ne pas sauvegarder mes zaaps !

Ma pauvre dragodinde allait au maximum de sa vitesse. Avec moi sur le dos, sa fatigue était compréhensible. Pensant utiliser les zaaps pour me téléporter et marcher tranquillement vers le bateau pour l'île de frigost, je ne m'étais pas franchement pressé. C'était sans compter mon étourderie : je n'avais jamais enregistré les zaaps proches de brakmar. Chose normale, étant bontarien. J'étais donc partis de la cité de l'alignement que j'avais choisis et je longeais désormais la mer à vive allure.

Dans quelques minutes, il serait l'heure, et j'étais encore loin. les arbres défilaient devant mes yeux, et je pouvais distinguer l'éclat bleuté de la mer, tandis qu'une odeur salé m'emplissait les narines. Ma dragodinde, elle, n'appréciait pas le voyage...

_ Allé ma belle, tiens bon, me lâche pas maintenant !

Sans prévenir, ses pattes cessèrent de fonctionner, et nous tombâmes tous les deux en faisant des tonneaux dans les airs. enfin, mon dos toucha le sol pour ne plus bouger. j'avais mal partout, et ma dragodinde ne pourrait désormais plus avancer. Je me relevais difficilement, et entrepris de continuer à pied, en espérant que mes compagnons m'attendraient assez longtemps pour que j'ai le temps de les rejoindre.

«  Vite vite je suis en retard » criai-je .

Je n’avais plus de temps car sinon mes amis aller vraiment m'attendre, je pris quelques vêtements dans une armoire et je les mis dans mon sac. Mais il me manquait encore quelque chose avant de partir.

« Major d’homme rapporte moi mon arme !  » hurlai-je.

Quelques instants plus tard apparu un homme d'un cinquantaine d'année qui transportait un arc avec le plus grand soin.

« Merci. Je m'en vais pour un long voyage avec des amis, alors prend soin de la maison en mon absence, lui dis-je. »

Sur ce je quittai ma maison de Brakmar pour aller chercher une dragodinde qui pourra m’accompagner jusqu'au bout de mon voyage.

Cela faisait si longtemps que je n'avais pas vu un ciel aussi bleu. Une part de moi rechignait à quitter mon appui de fenêtre sur lequel j'étais accoudée, mais ma conscience m'imposait de partir immédiatement. Avec une certaine lassitude, je parvins à décrocher mon regard de l'étendue azur qui s'offrait à moi.

Il fallait que je me rende au port, et un long voyage allait s'ensuivre. Je fis quelques bagages, emportant le strict nécessaire, ainsi que ma bourse contenant tout l'argent que j'avais amassé en travaillant. J'avais été élevée un court laps de temps par un aubergiste qui m'avait trouvée assez jeune dans sa réserve, et mon enfance n'était pour moi qu'une vaste étendue floue et obscure. Impossible de me rappeler de quoi que ce soit. J'étais seule depuis plusieurs années, et cela m'avait conféré un sens aigu des responsabilités et de la ponctualité, entre autres.

Fort heureusement pour moi, je n'habitais pas très loin du port. Après avoir rassemblé mes effets, je sortis de chez moi, verrouillai ma porte, et sifflai Pinpin. J'attrapai ses rênes, et me mis en route vers le port : je n'en avais que pour quelques minutes. Il me semblait apercevoir une personne assise sur les planches de l'embarcadère. J'étais à l'heure.

Je m'approchais d'elle d'un pas lent et posé. Finalement, j'aurai peut-être pu rester un peu plus longtemps à ma fenêtre...

Heureusement pour moi les étables de Brakmar se situaient à deux pas de ma demeure. Je n’eus donc que quelques minutes de marche avant de pouvoir apercevoir ma monture.
Je m'approchai d'elle, j'attachai mon sac sur son dos, et je grimpai sur son dos en amazone et lui susurra à son oreille:

«  Va Amandine, en direction de la baie de Cania. »

Et d'un coup la monture se mit à avancer d'un pas déterminé. Ma dragodinde traversa la ville de Brakmar et dès que nous eûmes franchi la porte principale de la cité, alors elle passa à la vitesse supérieur.

Nous rattrapâmes très vite notre retard, en quelques heures nous nous trouvions déjà sur les sentiers sinueux de la route sombre.

A ce moment là, une flèche atterri à deux mètres de la monture, puis une deuxième frôla ma tête.
Une personne avait décidé de m'attaquer et il risquait de perdre gros face à moi...

Absorbée dans mes pensées, je ne sentis pas la première goutte percuter mon visage. Ni la seconde. Il fallut en attendre une troisième puis une quatrième pour qu'enfin, je sois tirée de ma rêverie et lève la tête pour contempler les nuages noirs annonciateurs de tempête.
Je fronçai les sourcils ; tout cela n'augurait rien de bon pour la traversée à venir. Le capitaine semblait l'avoir remarqué également et il scrutait l'horizon d'un air préoccupé.

Le ciel était pourtant bleu à peine deux minutes plus tôt ; cet orage était si soudain, si inattendu que je ne pouvais m'empêcher de me demander s'il ne fallait pas y voir un mauvais présage.

À ce moment, à travers le vacarme assourdissant causé par les intempéries, je pus percevoir les bruits de pas d'une monture qui s'approchait. Je décidai de me lever pour aller voir, espérant que ce fut là un de mes compagnons d'armes, tout en priant le ciel qu'il n'arrive rien de fâcheux aux autres…

Tandis que je marchais aux côtés de Pinpin, je remarquais que la lumière faiblissait. Levant la tête vers le ciel, je m'aperçus qu'il était désormais d'un gris foncé, menaçant.

Il y avait tellement de vent.. Ce vent qui faisait plier les arbres, leur arrachant un semblant de cri plaintif. Des hurlements comme cela.. J'en avais déjà entendu auparavant, je ne saurai dire où et quand.. Seuls persistaient ces bruits déchirants. La pluie s'abattit sur moi soudainement, me tirant de ma rêverie. Le vacarme était si assourdissant que je n'entendais que le bruit des gouttes martelant le sol. Je tirai mon chapeau parabiote sur mon visage pour me protéger de la pluie, ce qui me valut un certain reproche de sa part. Je l'ignorai délibérément et m'enveloppai dans ma cape (qui elle aussi protesta). J'étais arrivée au point de rendez-vous.

Je pus distinguer une silhouette s'approchant vers moi, une démarche assez assurée, et ses yeux, ses yeux d'un blanc éclatant, dont la lueur était renforcée par sa coiffe, qui obscurcissait la partie supérieure de son visage.

Etait-ce un de mes compagnons de route ? Je n'allais pas tarder à le découvrir.

_ Il ne manquait plus que ça...

La pluie s'abattait sur moi, me trempant de la tête aux pieds. Entre retard, dragodinde en panne, coups et blessures, et vêtements trempés... je commençais sérieusement à me demander si j'arriverais entier au point de rendez-vous.

Un hurlement sinistre se fit alors entendre. La pluie obscurcissait ma vue, je n'avais donc que mes oreilles pour me repérer. Le bruit se répéta sur ma droite. Je tournais la tête en une fraction de seconde et vis deux grands yeux rouge sang qui me regardaient fixement. Ils auraient pu paraître effrayant si je n'avais pas vu bien pire dans ma vie. La bête fonça vers moi, et sauta pour me mordre le visage. Je mis mon bras gauche pour me protéger, et je sentis des croc s'enfoncer dans ma chair. Je levais alors le bras, regardant le ridicule croc gland pendant dans le vide, raccroché par la gueule à mon bras. Ses yeux n'étaient à présent plus du tout effrayant puisqu'on y voyait de l’hébétude ahurissante.

_ Sérieusement... tu crois me faire mal ? J'ai pas le temps de jouer...

De ma main droite, je sortis un coutelas de ma ceinture et lui ouvris promptement la gorge. Sa gueule s'ouvrit doucement et il tomba raide mort dans une flaque d'eau qui se colora de rouge. Je repris alors ma route sous une pluie torrentiel, comme si de rien était.

Plus j'avançais, plus je sentais Pinpin réticent. Était-ce dû aux intempéries ou à quelque chose d'autre ? Lui seul pouvait le savoir. Je me contentais de le rassurer en posant une main apaisante et protectrice sur son flanc, et l'encourageait à avancer avec un claquement de langue.

Je regardai derrière moi et m'aperçus que je ne voyais quasiment plus la route que je venais d'emprunter, tant la tempête faisait rage. Je n'avais donc d'autre choix que d'aller à la rencontre de cette personne qui venait vers moi. Cependant, rien ne m'indiquait la présence d'un piège ou d'une embuscade.

Une voix retentit dans ma tête: "Donne moi à manger rapidement, sinon je dévore tes kamas." Je réprimai un juron et continuais à avancer. Ce n'était vraiment pas le moment de m'énerver. J'arrivai finalement à la rencontre d'une sacrieuse, qui semblait faire partie de mes compagnons. J'allai lui parler, quand soudain, un bruit déchira le ciel, m'empêchant de prononcer la moindre parole.

En me relevant, mon regard se posa sur une flaque qui s'était formée sur le sol et je pus, un bref instant, y voir mon reflet. Les gouttes transparentes, tels les pleurs d'un dieu dont le climat refléterait la mélancolie, s'agrippaient à ma coiffe comme de minuscules bestioles. Leur éclat cristallin surnaturel couplé à la teinte saphir de mon couvre-chef et à la lueur d'albâtre qui s'échappait de mes iris me donnait une allure de créature des profondeurs.
Comment de si minuscules, de si insignifiantes choses pouvaient-elles à ce point altérer la réalité ?

Mais, tandis que mon le cœur sanglant de ma poitrine rougeoyait tel un brasier affamé, symbolisant par la même l'organe que je n'avais plus, mes réflexions furent interrompues par le même bruit sourd et répétitif que j'avais, il y a peu, remarqué. Une monture et son cavalier semblaient s'approcher de moi à allure modérée. Tenant Etra par la bride, je m'avançai vers l'origine du martèlement incessant afin d'y rencontrer, je l'espérais, l'un de mes camarades.

Bien vite, je pus reconnaître les parabiotes qu'arborait habituellement notre meneuse. Plus nous avancions l'une vers l'autre, et plus sa silhouette se découpait dans l'obscurité et devenait claire à mes yeux jusqu'à l'instant où je sus avec certitude que ce ne pouvait être qu'elle. Un sourire timide au coin des lèvres, je marchai vers elle dans l'intention de la saluer.

Soudain, un monstrueux éclair illumina le ciel de toute sa puissance et heurta le sol dans une gerbe de flammes. Aussitôt, le sourire disparut de mon visage et je sentis l'angoisse naître dans chaque parcelle de mon corps, paralysant mes muscles, voilant mes pensées et me condamnant à l'inaction devant le pouvoir dévastateur de l'incendie. Alors, une réflexion parvint à percer la coquille de peur qui s'était formée autour de mon esprit : si moi comme ma meneuse pouvions au pire des cas nous réfugier dans l'immensité de l'océan tout proche, le quai et le bateau étaient faits de bois…

Il n'y avait pas un bruit. Il devait être tapis dans l'ombre, attendant le moment propice pour me toucher. Je pris en main mon arc de Guten Tak, attendant moi aussi un mouvement de ça part. Au bout d'une heure d'attente, je me décidai donc à changer de stratégie. J'invoquai une sacrifié qui parti faire un tour dans les environs en tant qu'éclaireuse.

Tout d'un coup j'entendis une explosion. Ma poupée venait de m'indiquer la localisation de mon ennemi. Quand je fus arrivé sur le lieu de l'explosion, je vis un jeune cra a l’agonie. Il n'eut pas le temps de m'adresser la parole que je l'achevai d'une flèche entre les deux yeux.
Personne ne devait s'en prendre à moi.

Je repartis sur le dos de ma dragodinde, en direction de notre lieu de rendez-vous.
Il faisait un temps à ne pas mettre un chacha dehors.
Soit j'avais des hallucinations, soit je voyais des personnes au loin. J'espère que se sont mes amis.

En plus de l'épais nuage de fumé, je commençais à voir des langues de feu monter de plus en plus haut dans le ciel grisâtre duquel de la pluie ne cessait de tomber. Je me demandais sérieusement si ça ne venait pas du port où je devais rejoindre mes compagnons. Si c'était le cas, il devait y avoir quelque chose qui n'allait pas.

Je titubais, totalement gelé par le vent glacial et la pluie qui s'abattait de plus en plus fort sur tout mon corps. Mourir de froid au milieu de nul part, quelle ironie, pour quelqu'un qui avait reçu tant de coups et saigné tant de fois... Cette journée serait-elle définitivement maudite ? Il semblait que oui. Au loin, un grognement se fit entendre. Je tournais vivement la tête et soupirais.

_ Des pillards...

Evidemment, ces scélérats, étant une vingtaine, ne pouvaient s'empêcher de sauter sur le moindre aventurier solitaire pour le dépouiller promptement. Je n'avais aucune chance de survie en combat, vu mon état, il ne me restait donc plus qu'à courir et prier pour rejoindre mes compagnons à temps, en sachant qu'eux avaient des dragodindes et...

Un cri se fit à nouveau entendre. Je tournais à nouveau la tête et vis ma propre dragodinde faire tomber deux ou trois cavaliers avant de me rejoindre le plus vite possible. Enfin une bonne nouvelle. Sans arrêter ma course, je l'attrapais par le coup et montais rapidement sur son dos. Je lui chuchotais des remerciements à l'oreille, tandis qu'elle filait à toute allure, mais nos ennemis nous poursuivaient toujours. Les flammes étaient juste devant nous. Les pillards derrière. Soudain, je vis deux formes, à peine plus loin, face à moi. Sans doute des compagnons. je me devais de les prévenir.

_ Barrez vous !

Les étincelles jaillirent lorsque l'éclair vint rencontrer le sol en une gerbe de lumière, non loin de nous. Des particules éclatantes se greffèrent sur le ponton, fait de bois. Ceci n'augurait rien de bon, car comme tout le monde le savait, le feu et le bois ne font pas bon ménage. D'ailleurs, les planches s'embrasèrent sitôt ma réflexion faite. Par la même occasion, je reconnus là les traits fins de Sangua, membre de ma guilde. J'étais heureuse de la revoir car cela faisait un certain temps que nous n'avions pas eu de mission commune, mais hélas le moment n'était pas eux retrouvailles.

Il me fallait neutraliser cet incendie avant qu'il ne mette en péril notre mission. Je devais agir rapidement. Jetant un oeil vers mon amie, je m'aperçus qu'elle était paralysée devant l'ampleur des évènements. Je matérialisai un arc entre mes mains, puis une flèche, et invoquait sans attendre un oeil de taupe que je propulsai au coeur de l'incendie. Aussitôt libéré de ma flèche, il déversa une quantité impressionnante d'eau sur le brasier. Je lançai en même temps une flèche absorbante afin d'empêcher les cendres ardentes de reprendre. Les gouttes de pluies achevèrent mon travail.

"Oui, oui ce n'est pas parce que tu fais des jolis coups de temps en temps que tu es un bon maître pour autant". Je ne sais pas ce qui me retenait de lancer cette coiffe dans l'océan. J'allais lui répondre lorsqu'un cri me parvint : "Barrez-vous !" Faisant volte-face, j'aperçus une dragodinde qui galopait à vive allure, et un peu plus à ma droite, une vingtaine d'hommes se dirigeant vers nous. Qu'avait-on fait aux Dieux pour que tant de malheurs s'abattent sur nous ? Heureusement que je n'avais pas un nombre limité de flèches.

Je choisis une flèche explosive que lançai au beau milieu du groupe de pillards. Ils n'avaient pas l'air très dégourdis, mais plutôt bien équipés défensivement: certains arboraient d'énormes boucliers. Normalement, nous ne devrions pas avoir de problèmes, et si l'individu qui avait crié s'avérait être un de nos compagnons et se joignait à nous, cela serait vite terminé. Je regardai en direction de Sangua, m'inquiétant pour elle, tout en espérant que sa stupeur se soit évanouie.

Tout s'enchaîna à vive allure. Le feu disparu au milieu d'une volée d'eau, puis je vis un trait ardent partir au milieu du groupe de pillards. Deux ou trois volèrent dans les airs et s'écrasèrent au sol en fumant, mais les autres parvinrent à lever à temps leurs boucliers qui absorbèrent les flammes. Je reconnus bien là l'oeuvre d'un disciple de crâ.

Je m'empressais de faire volte-face et dégainais mon grésilosceptre, prêt à combattre. Un pillard arriva à ma rencontre, et un violent coup sur sa tête le fit s'abattre à terre, inerte. Après avoir vaincu trois nouveaux pillards, je vis avec stupeur que j'étais encerclé. Mes adversaires arboraient des sourires narquois, car ils se sentaient en supériorité face à moi, ainsi retranché au milieu de leur groupe. Ils furent étonnés de me voir rire aux éclats. En effet, ils ne devaient pas savoir que j'appartenais au sang de sacrieur.

Je coopérais l'un d'eux au moment où tous envisageaient de me frapper. Ce dernier se fit déchiqueter, et lorsqu'ils comprirent leur erreur, et le Dieu auquel j'appartenais, les pillards se retournèrent vers moi, énervés. Deux furies dans le tas les calmèrent pour un bon moment. La plupart tombèrent, mais aucun ne succomba. La puissance du sortilège n'était pas suffisante pour abattre de tels adversaires. Néanmoins, cela me permis de faire demi-tour et de rejoindre mes compagnons. L'un d'eux était un sacrieur, que je reconnus aisément comme un confrère de ma guilde. Un peu plus en avant se tenait la cratte qui se trouvait être notre meneuse. J'étais soulagé de les voir ici. Je fis tourner ma monture pour me retrouver cote à cote avec eux, et faire une nouvelle fois face aux pillards.

_ Alors, on s'la joue comment, maintenant ?

Un peu plus loin, je vis l'individu qui nous avait avertis du danger se placer au corps à corps des pillards afin de leur asséner un bon coup d'arme sur le crâne. Il disparut, encerclé par les ennemis, puis un rire dément parvint à mes oreilles. Je reconnus bien là un rire de sacrieur. Mes pensées furent confirmées lorsqu'il lança des furies dans le tas, ainsi qu'une coopération, lui permettant de se placer à mes côtés. Je fus étonnée de retrouver Aldwin, bras droit de ma guilde. Je ne pus réprimer un sourire.

" Alors, on s'la joue comment, maintenant ?" demanda-t-il.

"Simple et efficace. On ne cherche pas à les abattre, les mettre hors d'état de nuire sera largement suffisant. Essaye de savoir ce qu'ils viennent faire là. Je la joue uniquement aux sorts, je compte sur vous pour finir le reste." répondis-je.

Ayant toujours mon arc en main, j'analysai rapidement la situation. J'allais devoir faire preuve de rapidité et de précision. Ce n'était en aucun cas un problème pour moi puisque les crâs possédaient des sens sur-développés. J'avais aussi remarqué que certains pillards possédaient des boucliers aspirant les flammes, ce qui allait m'obliger à utiliser tous les éléments. Un peu d'imagination et de sorts combinés devraient pouvoir venir à bout de ces défenses. Je me mis aussitôt au travail: à certains, je lançai des flèches d'immobilisations qui les empêchaient de bouger; à d'autres des flèches glacées, les transformant en bloc gelé; à d'autres encore des flèches harcelantes qui allaient les chercher peu importe où ils se cachaient.
Quant aux propriétaires de boucliers, je leur envoyai une flèche persécutrice: combinaison astucieuse d'air et de feu qui envoyait valser leur défense et les grillaient sur place. Enfin, je saupoudrai le tout de flèches empoisonnées et d'un soupçon de flèches explosives.

Très rapidement, le nombre d'adversaires valides diminua, nous nous en sortions plutôt bien. Cependant, quelle ne fut pas ma surprise lorsque, poussant un ennemi à l'aide d'une flèche de recul, il se retrouva prit dans un piège. Cela ne pouvait être que l'oeuvre d'un sram, mais qui ? Les ordres de missions ne précisaient pas l'identité des alliés, et j'allais de surprise en surprise. Or, je détestais les surprises, surtout lorsqu'elles avaient une odeur d'embuscade.

Je marche depuis des heures, le vent fouette mon crâne et font sonner les grelots de ma cape Erforée tandis que la pluie fait goûter les rebords de chapeau lichinelle.
J'aurais du penser à prendre ma dragodinde comme les autres membres de la guilde, ça m'aurait évité de bousiller mes bottes...quoiqu’au fond je m'en fiche je suis un squelette alors je ne sens pas grand-chose.
Plus j'avance à notre point de rendez-vous et plus cette maudite tempête s'intensifie, d'ailleurs ma dragoune rose me fait comprendre son énervement dû à la tempête en soufflante un léger brasier de par ses narines.

Du calme Petro Chico, on y est bientôt...tu sais bien que tonton Dagran cherche par tous les moyens de retrouver sa mémoire et par la même occasion à s'intégrer dans la guilde...ça ne fait pas longtemps que je suis dedans! Lui dis-je en lui frottant une de ses cornes.

Tantôt je m'arrêtai net. J'étais au bord d'une falaise ou d'une colline...difficile à dire avec ce temps qui grisait l'horizon. je pus entendre des bruits, je me mis en tailleur pour essayer d'en percer leurs origines. Il devait y avoir un paquet de monde, la pluie heurtait des boucliers, des coiffes plates et autres choses.

Bon bah on va voir ce qui se passe...n'est-ce pas Petro Chico?

Ce dernier souffla du nez comme pour me faire comprendre qu'il n’en avait strictement rien à secouer de la noix de kokoko...
Je tendis la main en avant pour lancer un repérage. Il y avait bien plus de monde que je pus le croire. Une bonne bande de bandits qui se battait contre...des membres de ma guilde! La meneuse était de la partie. Mon attention fut détournée par la douce mélodie de pièges divers et variés. Il s'agissait de Drizcox, un sram de la guilde. Sans m'attarder sur lui, mon attention fut de nouveau ailleurs. En effet, notre meneuse s'en donnait à cœur joie pour arroser les brigands de toutes les flèches possibles pour un disciple de cra!
Je souriais, j'allais pouvoir marquer des points!

Petro Chico, tu vas voir tonton Dagran à l'oeuvre!

Je me releva et sauta avant d'atterrir et de glisser sur la pente. Une fois arriver en bas je me retrouvai au centre de la formation ennemi. Il y avait des pièges juste sur ma gauche, je pris soin de ne pas marcher dedans. Je lançais des fourvoiements pour voler la force de mes adversaires... à dire vrai, je n'étais pas spécialement costaud. Tous ceux qui m'approchaient tombaient comme des mouches.
Et là...il eut une grosse négligence de ma part. Un bandit se prit une flèche de recul, ce dernier fut projeté contre moi et, m'entraînant dans sa chute, activa un piège d'immobilisation et de silence.
Je me retrouvai comme lui, coincer à genou au sol, retenu par des bandes magiques, avec les mains attachées et la bouche fermée.

J'espère que les copains m'ont repéré, car le pilonnage à l'explosive de notre meneuse et les pièges de Drizcox n'allait pas m'épargner...

« Horreur absolue » était un piètre euphémisme pour le spectacle qui se déroulait sous mes yeux.
Des ennemis en nombre déferlaient d'un peu partout sous les coups de mes amis en quantité numérique bien inférieure. Et pourtant… ils semblaient ne pas si mal s'en tirer que cela.

Je n'étais pas reparti à l'aventure depuis bien longtemps, mais je n'en avais pas perdu pour autant le goût du combat. Recevoir de puissants coups de monstres terrifiants, se relever et faire face à ses ennemis animée par une soif de sang insatiable, quoi de mieux pour une sacrieuse ? Justement, c'était là que ça clochait ; ce n'était pas des monstres qui nous avaient attaqués, mais des êtres humains. Des hommes avec une âme, une conscience, des espoirs et des rêves… Des hommes avec probablement une femme et des enfants qui comptaient sur eux et qui attendaient leur retour.

J'étais comme paralysée, incapable de bouger tellement cet état de fait occupait mon esprit.

Soudain, un détail attira mon attention. Une silhouette presque invisible fut propulsée par une flèche de recul dans divers pièges.
Dagran. Ça ne pouvait être que lui.
J'étais ami avec le sram depuis bien longtemps, bien avant qu'il n'intègre la guilde, aussi étais-je incapable de le regarder souffrir sans agir, quelle que fût la nature de nos ennemis.

Je lançai une transposition dans le but de le ramener en sécurité et de prendre sa place, mais elle échoua. J'étais probablement trop loin. Il était temps d'agir. Je sortis mon marteau, et, tout en m'entourant de mes châtiments, me lançai dans la bataille, un sourire carnassier peint au coin des lèvres.

Mais ce sourire, pour quiconque m'eut regardée de près, aurait paru faux, car une lueur d'inquiétude tintait mes yeux.
« Tiens bon Dagran, pensai-je, j'arrive ! »

Tout comme Sangua, qui semblait paralysée au début, j'avais vu Dagran immobilisé au milieu des bandits. Je su qu'elle l'avait reconnu en la voyant foncer précipitamment dans le tas. Seul la vie d'un compagnon aurait pu la sortir de sa passivité. Je ne réagis qu'une fraction de seconde après celui-ci, envoyant un message rapide à ma meneuse.

_ Une couverture ne sera pas de refus !

Aussitôt dit, je fonçais dans la bataille, mon grésilosceptre en main. J’enchaînais les coups à droite à gauche, frappant si fort, repoussant tant d'ennemis... que mon arme se brisa en deux sous le dernier impact. Un bandit ricana en s'avançant, épée en main. J'esquivais son coup et lui plantais le manche de mon arme dans l'estomac, le laissant s'écrouler avec. Fort heureusement, j'avais une bonne paire de dagues de rechange sous la main, que je sortis de ma ceinture. Peu m'importait qui étaient nos adversaires. Qu'on me fasse du mal était une chose. Qu'on fasse du mal à ceux à qui je tenais en était une autre. Assez près désormais, je lançais un message à Sangua qui devait se trouver à quelques mètres sur ma gauche, bien que ce ne fut qu'une supposition.

_ Occupe toi de Dagran ! Transposition !

Je me retrouvais à la place de mon ami, c'est à dire au milieu des pillards, qui semblèrent étonnés au début, puis menaçant ensuite.

_ Personne ne touche à ceux qui me sont chers, grognais-je.

Poussant un hurlement de rage, je taillais en pièce quelques ennemis, mais la plupart de mes coups tombèrent sur des boucliers. Mais ça m'était égal, car mon seul objectif était d’éloigner mes adversaires de mes compagnons. L'un d'eux, en reculant, fit exploser un piège de masse, hurlant de rage et tombant à terre.

Quelle ne fut pas ma surprise de me retrouver face à Drizcox.